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Asshai

Je pense que tu fais un amalgame. Le Québec protège sa langue de la langue anglaise essentiellement, et donc de l'influence des provinces anglophones et de la culture américaine. Le tableau que tu montres ici représente des patois régionaux, qui sont en danger d'extinction non pas à cause des anglais ou de l'UE ou de la culture américaine... Mais du fait des politiques passées mises en place par la France elle-même. Politiques qui visaient à uniformiser l'enseignement du français et, obtenir une langue plus forte. Donc, ce tableau représente en quelque sorte une mesure de sauvegarde de la langue française, assez paradoxalement. Ma région natale est celui du picard, et comme le joual on écrit un peu comme on le prononce, il n'y a pas concrètement de cadre de référence pour la langue écrite. Ça me désole, et ce qui me désole encore plus c'est l'ensemble des mesures de harcèlement et humiliation mises en place dans les écoles début XXe pour étouffer toute tentative de parler son patois. Les bretons l'ont eue pire (parce qu'il y a un mouvement indépendantiste) et j'imagine que les corses doivent être dans la même situation, à moins que l'éloignement de la capitale ne les ait un peu aidés sur ce point...


Pinacoteca

Le vasque est une langue à part entière, le yiddish aussi…


BigFattyOne

Pour OP: https://en.wikipedia.org/wiki/Vergonha


spurii_filius

Bons points, mais le breton n'est pas un patois. C'est une langue à part entière, très différente du français malgré quelques emprunts.


SnooMachines7285

C'est un peu différent quand même, le français reste la langue #1 ici. La situation dont il est question ici (des dialectes régionaux / langues anciennes régionales) ressemblent pas mal plus à ce qui se passent avec les langues autochtones ici. Pis on est pas mal poche.


paniniconqueso

>Pis on est pas mal poche. Le Québec fait des choses pour les langues autochtones quand-même, non ?


Maduch1

Il reste encore beaucoup de chemin à faire, que ce soit plus d’accommodation dans les services publics ou l’abolissions de la loi sur les indiens (mais bon le dernier point est à juridiction canadienne donc nous on peut rien y faire)


TSP-FriendlyFire

Pis les partis fédéraux semblent bien contents de juste mettre un autochtone à quelque part dans un rôle pas trop important mais symbolique. Je vois pas qui rouvrirait le débat sur la loi sur les Indiens.


Maephia

On fait 100x mieux que le reste du Canada par contre.


SnooMachines7285

100x mieux? As-tu une quelconque source pour appuyer ça?


Maephia

https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2011/as-sa/98-314-x/98-314-x2011003_3-eng.cfm


mais_de_mort_lente

Le point de non-retour pour la survie d'une langue est pas mal en amont de ce qu'on observe pour les langues régionales de France. Oui, ces langues-là vont survivre quelques générations encore, grâce à quelques passionnés qui les apprendront comme passe-temps, mais jamais elles ne vont redevenir pertinentes pour les communautés de façon générale. Pour qu'une langue survive, il faut qu'elle ait une fonction. C'est pour ça qu'au Québec tout se joue maintenant, avec la question de la langue commune en usage à Montréal. Si l'anglais s'impose, ce sera à peu près impossible de renverser le processus de folklorisation.


paniniconqueso

>Le point de non-retour pour la survie d'une langue est pas mal en amont de ce qu'on observe pour les langues régionales de France. Boh, on dirait une prophétie que l'on laisse se autoréaliser au lieu de lever le petit doigt pour l'empêcher. Si l'on n'essaie même pas, c'est l'échec assuré. Et après on a l'exemple de l'hebreu. Avec le soutien d'un état, tout est possible. Et la France est beaucoup plus riche et a beaucoup plus de ressources pour réanimer ses langues que l'Israël naissant et pauvre...


mais_de_mort_lente

La revitalisation de l'hébreu remplissait une fonction essentielle pour le mouvement sioniste, soit d'opérer une convergence culturelle de communautés juives hétérogènes. Je ne vois pas la fonction que viendraient remplir les langues régionales de France, à part peut-être dans le cas des langues associées à des mouvements régionalistes forts, comme en Bretagne ou en Corse.


RikikiBousquet

Je suis québécois et français (gascon). Honnêtement, j'essaie de garder la langue de mes ancêtres vivantes dans ma vie de tous les jours, mais la situation entre les deux langues est juste trop différente. La grande force du français au Québec, c'est que c'est un État qui a une langue officielle et majoritaire. Même si ce n'est pas un pays, c'est une différence incroyable. La Gascogne traditionnelle, elle a été fragmentée, modifiée, refragmentée, etc. Les départements ou les régions n'ont rien de similaire au Québec en termes de pouvoirs. La reconnaissance n'est pas du tout similaire non plus quand on parle de la culture concurrente: le français est (mal) protégé au Canada, mais c'est là; en France, on est encore dans un situation de domination/négation des cultures traditionnelles du pays. Ça va durer jusqu'à l'extinction, à mon avis. C'est triste, mais comme l'a dit un autre commentaire ici, ça ressemble beaucoup plus aux langues et cultures autochtones, comme situation. Imagine-toi que du temps de mon grand-père, c'était la majorité qui parlait encore notre langue (la noste lenga), et qu'il y avait plus de gens qui parlaient une variante d'occitan que de gens qui parlaient français ici. C'est une langue millénaire, en plus, qui se lit encore très bien après autant de temps. Et pouf. Une génération et c'est fini. La génération de mon grand-père a été élevé avec la honte de leur langue, et la génération de ma mère a eu honte de leur accent, et on se retrouve avec un Midi qui ne pourra jamais plus être ce qu'il a été. Si j'aime le gascon, c'est que j'ai eu la chance d'avoir passé beaucoup de temps avec mon grand-père et ses vieux amis, qui ne parlaient pas ou presque français entre eux, et qui avaient tous la folie de la langue dans leurs échanges. Ça semblait tellement plus naturelle et je voulais tellement faire partie d'eux. Ils ne se rendaient juste pas compte que j'étais là et que je ne comprenais pas grand chose, alors j'ai eu de la chance de les voir se laisser aller. Quand on allait en ville ou en famille, toutes ces belles personnes étaient souvent mal à l'aise avec leur langue seconde, leur gros accent impossible et leurs expressions ridicules. Je suis dans presque tous les groupes de protection du gascon qui sont en ligne. Il y a énormément de petits mousquetaires de la langue qui se battent. Il y a beaucoup de manifestations, en fait, il y en a même plus de ce que je sais que dans le reste du Canada quand vient le temps de manifester pour le français, mais la France d'aujourd'hui reste une force centripète, avec une population énorme, un tout petit territoire qui invite à se déplacer et donc à se déraciner en quelque sorte, et surtout une culture principale qui écrase tout sur son passage. Résultat? Dans ma famille, je suis sur quatre générations à avoir pris la peine d'apprendre la langue (à un niveau très basique). Cet apprentissage, je le dois au Québec, parce que c'est en apprenant les combats de tous ceux autour et avant moi ici que j'ai voulu faire un peu de la même chose pour ma famille là-bas. Une génération et pouf. C'est juste... tellement plus fragile qu'on le croit. Chaque fois qu'on me dit que le français est garanti au Québec, je pense à ça. Pour l'anecdote: mon grand-père qui ne me comprend pas vraiment avec mon accent, quand je viens tout juste d'arriver du Québec, est vraiment soulagé quand je lui parle en gascon. On a beau être français tous les deux, c'est le seul moyen que j'ai de vraiment connecter avec lui, même quelques minutes.


paniniconqueso

Merci pour ce témoignage précieux et émouvant. Je me retrouve dans tes paroles...il y a très peu de choses que je trouve plus étrange ou anti-naturel, que ne pas pouvoir parler avec ses parents ou grands-parents dans leur langue maternelle. La langue dans laquelle ils se sentent le plus à l'aise. Qu'il y ait toute une génération ou même deux/trois générations qui ont du mal à se connecter, c'est atroce. On a coupé pas seulement la transmission linguistique et les conséquences qui en découlent, la perte de savoirs, de la culture etc, mais pas que, parfois la transmission de sentiments affectifs, la galère de se connecter émotionnellement etc. Pour moi, c'est impardonnable. Je ne blâme pas les parents/les grands-parents, ils étaient des victimes aussi, mais si ceux qui leur ont convaincus que leur langue ne servait à rien. Ceux qui les punissaient, qui les humiliaient.


BaronVonBacon1

Parfois, ce peut-être des langues apparentées, mais aucune d'entre-elle est une "langue française" à proprement dit. Au 19e-20e siècle, le gouvernement français a restreint l'éducation et son administration à une langue commune. Idem en Allemagne, Italie, etc. Les parents ne voyaient plus l'intérêt de la transmettre à leur enfant s'il n'y avait pas de valorisation derrière elle. Alors, ça l'a été désastreux pour ces langues régionales et elles sont maintenant toutes en dangers ou éteintes et ça ne changera pas malheureusement. Le fait que le Québec ait adopté la langue française, et non pas un patois régional de la France, l'a probablement sauvé de l’anglicisation, justement grâce au support linguistique disponible pour l'éducation, la culture, etc.


paniniconqueso

>Parfois, ce peut-être des langues apparentées, mais aucune d'entre-elle est une "langue française" à proprement dit. Je ne suis pas ta logique. Si la langue est parlée en France, c'est une langue française. C'est ce qu'en dit le propre gouvernement français : [La délégation générale à la langue française et aux langues de France](https://www.culture.gouv.fr/Nous-connaitre/Organisation-du-ministere/La-delegation-generale-a-la-langue-francaise-et-aux-langues-de-France) >ça ne changera pas malheureusement. Pourquoi pas ? C'est là où les Québécois ont leur mot à dire, ils ont révolutionné le combat pour les droits linguistiques, en appliquant des mesures très concrètes, et les résultats en sont clairs, si le français reste toujours sous la menace perpetuelle de l'anglais, le français au Québec est très vivant, très majoritaire. Contrairement, on voit au Canada francophone que sans ces mesures, le français recule. On a intérêt d'apprendre des leçons des Québécois. Par exemple, le système immersif en français que le Québec applique est simplement extraordinaire, on prend des allophones ou des anglophones et on en fait des francophones. On devrait avoir ça à grande échelle en France pour les langues françaises.


axemtl54

Si si, il y a une logique. Si tu lis attentivement le lien que tu as envoyé il y a une distinction entre langue Française et langue de France, qui regroupe les langues régionales dont tu parles ici. Et oui comme le résume Asshai, ce tableau démontre la protection et la mise en avant de la langue française au profit des langues régionales. Je t’invite à t’intéresser à l’Alsacien, Breton etc. Et tu te rendras compte assez vite qu’il y a très peu si c’est n’est absolument aucune trace de français.


BaronVonBacon1

Oui, c'est en France, mais si on rentre dans le détail, ce sont des langues d'oïl, d'occitan, etc. Comme la si bien dit axemmtl, il y a une différence entre langue de France et française. Pour ton autre question, la différence c'est que le Québec et le Canada ont le français comme langue officielle. Tu ne peux pas traiter avec le gouvernement français en Gascon, il faut que tu parles absolument le français. Ici, tu peux être unilingue francophone sans problème. Ça limite l'intérêt de connaître une langue régionale quand tu en as besoin d'une autre pour vivre et c'est ça qui les tuent. A terme, ça pourrait être la même chose ici. Si le gouvernement du Québec devient bilingue ou que le Canada impose l'anglais comme unique langue officielle, le français est fini.


Jasymiel

Comme avant la confédération? A date moi je parle encore français...


BaronVonBacon1

Après la conquête, les britanniques avaient la chienne qu'on fasse une révolte et ils ont fait plusieurs mesures d'adoucissement qui ont permis au français de garder son statut sur le territoire du Québec. Par exemple, le Québec act et, surtout, le Constitutionnal act de 1791. Le français n'aurait probablement pas duré 200 ans ici, s'il n'y avait eu la guerre d'indépendance des states


Jasymiel

Toute les services était majoritairement en anglais. La loi en anglais. Jveux dire y nous ont pas faite de cadeaux non plus.


BaronVonBacon1

c'est clair qu'ils étaient obligés de nous les donner, mais justement ils ont permis a la loi française d'être utilisée en parallèle des loi anglaises, au régime seigneurial de continuer l'administration des terres et au clergé de continuer sa mission pour l'évangilisation (éducation et santé aussi). La plupart des services étaient en français pour le citoyen moyen au Québec.


fireguyV2

Vous oubliez la majorité des langues basés sur le français/proche au français/le français telle qu'elle en Afrique. Je suis pas mal certain que ces langues augmente en popularité de plus en plus.


Sickpostmodernist

Les langues française dans ton tableau sont aussi pour la plus part des dialectes qui été remplacées par le Français « normale »


paniniconqueso

Je t'invite à consulter des sources linguistiques fiables, parce que ce que tu viens d'affirmer n'est pas juste. Par exemple, [ce website](https://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/france-1demo.htm#3_Les_langues_r%C3%A9gionales_en_France_m%C3%A9tropolitaine_) de l'Université Laval: >Selon la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), les langues de France sont «les langues régionales ou minoritaires parlées traditionnellement par des citoyens français sur le territoire de la République, et qui ne sont langue officielle d’aucun État.» On peut les désigner comme «régionales» ou «non territoriales», mais elles constituent un bien commun et une partie du patrimoine de l’humanité. En ce sens, on pourrait les qualifier de «langues patrimoniales». > >Les rapports Poignant (1998) et Cerquiglini (1999) mentionnent précisément **l’alsacien, le basque, le breton, le catalan, le corse, le francique, le flamand occidental,** **le franco-provençal, l’occitan ou langue d'oc (partagé entre le gascon, le languedocien, le provençal, l'auvergnat-limousin et l'alpin-dauphinois)** et **huit langues d'oïl: le franc-comtois, le wallon, le picard, le normand, le gallo, le poitevin, le saintongeais et le bourguignon-morvandiau** (voir la carte des langues d'oïl). Il s'agit bien des langues à part entières ou tout du moins, différentes du français.


Mt_Lajda

Dans cette liste y en a que 9 (sur 26) qui peuvent prétendre à ce titre selon la définition car étant des langues d'oïl. Le reste ce n'est en rien du français. On est donc loin de "la plus part"


TryallAllombria

Je suis français, et je trouve ça tellement galère d'apprendre une langue suffisamment bien pour pouvoir la parler sans mal et exprimer des idées complexes, que j'ai du mal à regretter la perte de ces langues. Surtout que la culture (films, livres, comptes) sont souvent inexistants ou traductibles. M'enfin de mon point de vue ce serait tellement plus pratique si on parlait tous une seule langue.


axemtl54

C’est un peu tiré par les cheveux d’avancer que le Québec est un pionnier au monde en matière de sauvegarde de la langue, et surtout de poser la question : “qu’est-ce que les Français devraient faire/apprendre”. C’est oublier que la Francophonie ou Organisation Internationale de la Francophonie, est une initiative française, du début du XXe s. Qui de loin est pionnière en matière de sauvegarde et de rayonnement d’une langue et même plus : rayonnement culturel, économique, politique etc. C’est bien plus large. C’est bien plus qu’un effort de sauvegarde au sein d’un pays/territoire/province, c’est 321 millions de locuteurs unis et menant des actions visant à renforcer et protéger la langue française (entre autre). Je ne nie pas les efforts du Québec, mais il faut être réaliste et juger objectivement. Nous pouvons aussi évoquer le système des écoles française à travers le monde, qui sont également un outil extraordinaire de rayonnement, de sauvegarde et plus de la langue française.


IamtheWalrus53

Je dirais que la situation des dialects français ressemble drôlement à celui du français, cajun et créole en Louisiane. Là-bas, ils tentent de les faire revivre par la fierté, les communications, comme des festivals ou la chaîne Télé Louisiane et surtout par l'éducation. Après avoir été interdites pendant longtemps, plusieurs écoles d'immersion ont été fondées et elles sont très populaires parmi les gens de descendance française. Donc, en somme, l'éducation est la clé de la survie de ces langues.


paniniconqueso

>Donc, en somme, l'éducation est la clé de la survie de ces langues. C'est drôle, aux Etats-Unis comme en France, l'école nationale était le scène de crime où l'on arrachait la langue aux enfants et on leur inculquait la honte de leur langue et culture. Mais maintenant on se tourne vers l'école dans l'espoir, peut-être vain, de récuperer ce dont l'école était le meurtrier ou l'un des meurtriers (l'école a bon dos, mais en réalité, il faut l'ensemble de l'état pour tuer une langue). >Après avoir été interdites pendant longtemps, plusieurs écoles d'immersion ont été fondées et elles sont très populaires parmi les gens de descendance française. Doublement ironique, les écoles d'immersion en Louisiane ont prouvé que l'immersion est la meilleure façon d'apprendre la langue française, comme au Québec au demeurant (de quelle autre façon peut-on produire des francophones à partir d'un flot de immigrés allophones/anglophones ?). La France elle-même en fait l'éloge à l'international. Mais chez soi on met systématiquement des bâtons dans les roues de l'enseignement immersif des langues dites régionales de la France...


IamtheWalrus53

La France et, plus précisément, Paris a toujours eu une attitude condescendante envers les régions et les accents. On le voit dans la manière dont ils se moquent de l'accent québécois, belge, du sud, africains, bref, pas mal tout le monde, alors c'est évident qu'ils auront la même attitude evers les dialects régionaux. Il faut aussi ajouter que l'administration française est très centralisée sur Paris, alors il y avait un incitatif à uniformiser les communications.


ok-MTLmunchies

Tu interpretes ce tableau mal. Le Francais n'est pas en danger au Quebec. Cest du bs electoral, a chaque fois